Melle Dimanche : « J’aime créer un langage graphique »
Publié le 14 janvier 2013
Mathilde Alexandre, où plutôt Melle Dimanche est une designer textile à l’univers créatif fait de multiples motifs qu’elle décline sur des luminaires, du mobilier et bien sûr sur des coussins, tissus au mètre et accessoires. Installée à Lyon, elle privilégie une fabrication locale. Rencontre.
Pouvez-vous nous parler de votre parcours ? Avez-vous un déclic pour le textile ?
J’ai toujours dessiné et bricolé et mon amour de la création et du fait-main remonte à bien longtemps. Ma rencontre avec le textile a eu lieu plus tard lorsque j’ai commencé mes études. C’est lors de mes premières années en Arts appliquées à Olivier de Serre que j’ai su que je voulais devenir designer textile, après avoir découvert des usines de fabrication et de nombreux professionnels du secteur.
Qu’est ce qui vous plait dans le textile ?
Il y a plusieurs champs d’action autour du textile et ce qui m’intéresse c’est les motifs et les imprimés. Le textile offre une véritable souplesse d’utilisation et peut aussi bien se prêter au monde de la mode que de la déco. Ce que j’aime, c’est créer un langage graphique.
Pourquoi vous être appelé Melle Dimanche ?
Cela vient de mon parcours professionnel. J’ai tout de suite été indépendante et je travaillais pour différentes marques avec notamment un axe orienté vers les loisirs créatifs et la broderie. A l’issue de cette expérience, j’ai lancé un magazine en ligne avec 5 réalisations à faire soi-même. Dimanche donc car les loisirs créatifs et le temps que l’on prend sur soi sont plutôt réservés à cette journée et Melle car il s’agit d’un univers davantage féminin. Petit à petit, ce magazine est devenu une vraie boutique en ligne avec des coussins imprimés à la main puis est devenu ce qu’il est actuellement. Aujourd’hui, Melle Dimanche propose deux collaborations permanentes : avec Ultrasofa pour des canapés et petit mobilier et Béô Design pour les luminaires.
C’est quoi la « touche » Melle Dimanche ?
Déjà, il y a la couleur. Je n’hésite pas à mixer des couleurs qui à priori n’iraient pas ensemble. J’utilise toujours les mêmes teintes de couleur pour toutes mes collections : le même bleu, le même jaune…Ensuite, mes graphiques sont inspirés de la tradition japonaise, scandinave avec toujours des formes simples et géométriques et des aplats de couleurs.
Vos sources d’inspiration ?
Beaucoup de choses mais j’ai une véritable attirance pour le design simple et efficace avec un goût prononcé pour les designers scandinaves comme Jacobson et les précurseurs de l’architecture moderne comme Le Corbusier pour ne citer que le plus célèbre…
Pouvez-vous nous parler de votre processus de fabrication ?
J’ai fait le choix d’une fabrication locale avec des fournisseurs et producteurs qui sont tous installés autour de Lyon à moins de 80 km. Premier avantage : c’est plus pratique s’il y a un problème mais c’est aussi un choix idéologique. J’avais envie de travailler avec des entreprises locales afin de valoriser leur savoir-faire avec les difficultés économiques que l’on connait actuellement. Aussi, pour le matériau, je suis sur un compromis écologique pour assurer un prix accessible. Mes tissus ne sont pas en 100% lin (une fibre très écologique) car cela reviendrait trop cher c’est pourquoi ils sont en lin à 42 % et 38 % en coton. Le bois est issu de forêts éco-gérés et assemblé à Lyon.
Qu’est ce qu’un « bon » objet design selon vous ?
Un objet beau et fonctionnel sur lequel le designer a réfléchi à la fonction et à la manière dont on va l’utiliser. Et pour moi, cela implique également sa méthode de fabrication c'est-à-dire les matériaux utilisés, la fin de vie du produit, l’emballage, le transport…
Avez-vous des nouveaux motifs de votre prochaine collection à nous dévoiler?
Pas encore….Avec Béô design, on va sortir de nouvelles choses avec peut-être une petite table en résonnance avec les pieds de lampe actuels…les nouveautés seront prêtes pour le printemps.
Quels sont vos coups de cœur déco du moment ?
Donna Wilson, et notamment ses tapis édités par SCP London, l'éditeur dannois Hay, et particulièrement les collections textiles créées par le studio Scholten & Baijings, Y'a pas le feu au lac, le décorateur américain Jonathan Adler, pour la façon décalée qu'il a de créer des décors ostentatoires avec humour et pour le mélange des couleurs et des motifs.
Propos recueillis par Déborah Antoinat
