La « Maison noire », entre acier et béton
Publié le 03 octobre 2012
En décalage avec les maisons traditionnelles aux toitures rosées du village de Lauzerville dans la périphérie toulousaine, la « Maison Noire » comme l’ont baptisée les habitants surprend autant qu’elle séduit et joue sur la notion de dualité, fil conducteur de la création architecturale.
Construite sur un ancien verger, la maison se cache du regard des passants. C’est par un accès dérobé que l’on pénètre dans cette bâtisse faite de béton et d’acier noir. La construction achevée en novembre 2011 répondait à un cahier des charges bien précis : une maison ouverte sur les Pyrénées, à l’abri des regards, avec des matériaux à privilégier : bois, acier et verre. Une maison contemporaine et « facile à vivre » avec en filigrane un hommage discret à Le Corbusier dont les propriétaires saluent le talent. Un pari réussi pour l’architecte signataire de cette demeure atypique, Patrice Cagnasso, architecte associé de l’agence Ar-Quo basée à Toulouse. Ce passionné de béton a réussi à convaincre les propriétaires de mettre ce matériau en valeur.
Ainsi, cette maison contemporaine se compose de deux blocs bien distincts et contrastés : la partie inférieure est réalisée dans un béton matricé qui dévoile un effet bois réussi et une partie supérieure construite en acier noir mat, presque en porte-à faux. « Le béton est un matériau fascinant dans ce sens où on peut lui faire dire ce que l’on veut, il peut être lisse où au contraire disposer de nombreuses aspérités, il peut être gris clair ou gris foncé. Il y a beaucoup de vibrations dans le béton », explique l’architecte. On retrouve ce matériau dans les salles de bain situées à l’étage, intégralement réalisées en béton lisse : plafond sol et mobilier se voient constitués de ce revêtement grisé créant une atmosphère inattendue dans les pièces d’eau. Et le clin d’œil ne s’arrête pas là : des fers de béton armé sont détournés de leur fonction première et viennent s’assembler pour créer des rambardes intérieures et extérieures au style très industriel…
Lumière au sommet et beaux volumes
Toute la maison est largement ouverte vers le sud et de grandes baies vitrées laissent pénétrer la lumière de ce vaste ensemble de plus de 200 mètres carrés. Au rez-de-chaussée, cette large paroi vitrée sublime un espace salon et cuisine lumineux. Et le plafond peint en noir n’enlève rien à cette belle luminosité…
Toujours sur ce travail de lumière, un bassin décoratif extérieur vient habiller l’entrée. Faisant office de miroir, il diffuse ses reflets sur les murs ou les sols de la maison en fonction des heures de la journée. A l’étage, les quatre chambres s’ouvrent vers le jardin et la piscine et toutes disposent de leur terrasse privative réalisée dans un bois de la région, le bois Douglas qui fait valoir sa jolie patine grise avec le temps.
Pour contrebalancer l’absence d’ouvertures au nord, côté rue, des ouvertures zénithales viennent éclairer la maison. Dans le couloir, un éclairage naturel par une longue verrière illumine ce long espace, également pensé comme un lieu de vie avec la présence d’une bibliothèque et d‘un bureau. Un parti pris architectural qui répond à l’envie de cette famille de « se sentir comme dans un cocon ».
Entre le béton lourd ancré dans le sol et l’acier plus aérien et léger, entre le noir et les tonalités claires, entre le nord et le sud, la rue et le jardin, cette maison résolument contemporaine, épurée et originale repose sur l’idée de contraste et de dualité…Le prix de cette maison « sur-mesure » ? Près de 600.000 euros.
Déborah Antoinat
Crédit photo : Yohann Gozard
Agence Ar-Quo : ar-quo.fr